Diagnostic de trouble neurocognitif : outils pour les prestataires de soins

Vous trouverez sur cette page des ressources et outils pour faciliter le dépistage, l’évaluation et le diagnostic des troubles neurocognitifs.

At the doctor's office, with a patient and a family member.

Remarque : Vous cherchez des renseignements grand public sur le processus d’évaluation et de diagnostic? Consultez plutôt nos pages sur l’obtention d’un dépistage de trouble neurocognitif ou d’un diagnostic pour un trouble à début précoce. Les renseignements ci-dessous sont destinés aux prestataires de soins.

 

Vous savez probablement que la maladie d’Alzheimer et la plupart des troubles neurocognitifs sont progressifs et dégénératifs. Ce sont souvent des pertes de mémoire, un déclin des facultés de raisonnement et de jugement, des difficultés à accomplir les tâches quotidiennes et des altérations de la vision, de la motricité, de la communication, de la personnalité et du comportement qui poussent les gens à consulter. 

Les troubles cognitifs et neurocognitifs touchent environ 20 % des personnes âgées et figurent invariablement parmi les trois préoccupations principales de cette population1. En posant un diagnostic précoce, on donne le temps aux personnes touchées de s’adapter et de planifier activement l’avenir.

L’importance du diagnostic précoce

Les symptômes de trouble neurocognitif irréversible peuvent ressembler à ceux de la dépression, des maladies du cœur et de la thyroïde, des infections, des interactions médicamenteuses et des troubles liés à la consommation d’alcool, entre autres.

En ciblant la cause réelle des symptômes, on aide les personnes touchées à comprendre les changements observés, à recevoir le soutien, le traitement et les soins appropriés, et à planifier leur avenir.

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Tests de dépistage cognitif

                               Outil Durée
(min) 
 Score seuil/Score total              Référence
            (en anglais) 
 Mini-examen de l’état mental (MMSE)  7-10   ≤23-26/30   Folstein et coll., 1975 
 Version modifiée du mini-examen de l’état mental (MMSE)  10-15  ≤77-86/100   McDowell et coll., 1997 
 Test d’apprentissage verbal de Hopkins – mémoire totale   5  ≤14-18/36   Frank et Byrne, 2000
 Memory Impairment Screen [dépistage des troubles de la mémoire] (MIS)   4  ≤4/8   Buschke et coll., 1999 
 Test de l’horloge   1-3  Méthodes de notation variées  Royall et coll., 1992
 Examen cognitif de Cambridge (CAMCOG)  20  ≤80/107   Lolk et coll., 2000 
 Community screening interview for dementia
 [entrevue de dépistage communautaire pour les troubles neurocognitifs] (CSID)
 30  Formule utilisée   Hall et coll., 1993 
 Évaluation cognitive de Montréal (MoCA)  10  ≤25/30  Nasreddine et coll., 2005 
 Behavioural Neurology Assessment
 [évaluation neurologique comportementale] (version longue)
 40-50  ≤182/250   Darvesh et coll., 2005
 Behavioural neurology assessment
 [évaluation neurologique comportementale] (version courte)
 20-30  ≤82/114  Darvesh et coll., 2005
 Canadian Indigenous Cognitive Assessment
 [évaluation cognitive autochtone canadienne] (CICA)
 10  <34/39  Walker et coll., 2021


 

Outils de dépistage

 

Écoutez la vidéo I’m a doctor - is there a good way to check out a memory complaint? (en anglais). Cet outil en cinq étapes pour évaluer la santé du cerveau a été créé grâce au programme NEIL (chapeauté par l’Institut de neuroscience du Trinity College Dublin) et financé par GENIO.

© Provost, titulaires de bourses, universitaires de la fondation et autres membres du conseil d’administration du College du Holy and Undivided Trinity Of Queen Elizabeth near Dublin, 2014. Matériel utilisé avec la permission du TCD, tous droits réservés.

Communiquer un diagnostic

Une fois le diagnostic déterminé, il faut le communiquer clairement. Nos nouvelles lignes directrices testées par le public cible, notre trousse et notre document infographique vous aideront. Consultez-les sur alzheimer.ca/dntn.

Déclin cognitif et perte auditive 

Il existe un lien cliniquement significatif entre la perte auditive et le déclin cognitif : les gens qui entendent mal présentent un risque accru de trouble neurocognitif et un déclin cognitif plus rapide3. Toutefois, on ne sait pas encore exactement pourquoi, particulièrement pour le risque accru de trouble neurocognitif4

Au nombre des explications possibles figurent l’isolement social, des altérations du cerveau ou encore un processus affectant à la fois le fonctionnement auditif et cognitif chez les personnes âgées.

Voici quelques problèmes courants, leurs répercussions sur l’évaluation et des pistes de solutions qui vous aideront à offrir les meilleurs soins possibles.

Le vieillissement peut s’accompagner d’un déclin des facultés auditives et cognitives.

  • Ainsi, les personnes âgées auront parfois besoin de plus de temps pour traiter et comprendre les sons qu’elles entendent3.
  • Prévoyez suffisamment de temps pour que la personne évaluée puisse comprendre vos questions, instructions et précisions, dans la mesure du possible. Encouragez-la à vous faire répéter les éléments mal compris.
  • Si possible, mettez à contribution un·e proche aidant·e.
  • Donnez des instructions écrites qui pourront être consultées à la maison (ex : prenez votre Metoprolol pendant ou juste après un repas).

Les personnes qui éprouvent une perte auditive hésitent parfois à demander de l’aide

  • En moyenne, une personne qui remarque une perte auditive attend 10 ans avant d’aller chercher de l’aide4.
  • Ce n’est pas parce qu’une personne ne porte aucune prothèse auditive qu’elle n’a pas de difficulté à vous entendre.
  • Voici quelques questions toutes simples pour dépister une perte auditive : « Demandez-vous souvent aux gens de parler plus fort? »; « Devez-vous augmenter le volume de la radio ou de la télé pour comprendre ce qui se dit? »; « Pendant une conversation, trouvez-vous souvent que les gens marmonnent? »; « Avez-vous de la difficulté à suivre une conversation dans un restaurant bruyant? ».
  • Envisagez de vous procurer un amplificateur personnel (comme un Pocketalker) pour vos consultations.
  • Si vous soupçonnez des problèmes d’audition, orientez votre patient·e vers un·e audiologiste. Le Canada offre diverses options de financement pour les évaluations de l’audition et les aides auditives, notamment les prothèses. Parlez à un·e audiologiste pour en savoir plus.

Tests de dépistage cognitif

  • Les tests de dépistage cognitif (comme le MMSE ou le MoCA) reposent souvent sur la capacité à entendre les questions et instructions et à y répondre5.
  • Les personnes qui entendent ou comprennent mal les instructions peuvent donc obtenir un score artificiellement bas, et on pourrait surestimer leur degré de déclin cognitif.
  • Effectuez vos évaluations dans une pièce silencieuse et parlez suffisamment fort. Utilisez un amplificateur auditif personnel si nécessaire.
  • Orientez en otorhinolaryngologie les personnes qui se plaignent d’avoir les oreilles douloureuses, bouchées ou obstruées; si elles ont une accumulation de cérumen, un nettoyage pourrait améliorer leurs résultats auditifs et cognitifs6,7.

Changements comportementaux

  • Les changements de comportement (répétitions, irritabilité, hallucinations, etc.) couramment associés au déclin cognitif peuvent aussi être dus à un trouble du traitement auditif ou être amplifiés par la perte auditive.
  • Plusieurs symptômes se recoupent : difficulté à comprendre la parole et à suivre les conversations, demandes constantes de répétition, problèmes de la mémoire à court terme.
  • Ne les attribuez pas automatiquement à la perte auditive.
  • Vérifiez que les personnes qui ont besoin de prothèses auditives les portent, que les pare-cérumen sont propres et que les piles ne sont pas à plat.

Déclin cognitif et perte auditive : ressources

Joining up: Why people with hearing loss or deafness would benefit from an integrated response to long-term conditions, rapport d’Action on hearing loss et du Deafness Cognition and Language (DCAL) Research Centre, 2013. En anglais seulement.

The importance of considering hearing needs in individuals with cognitive impairment, webinaire SAC – CDRAKE, présentation de Kate Dupuis, neuropsychologue clinique, et de Debbie Ostroff, audiologiste agréée (14 mai 2014). En anglais seulement. Transcription disponible.

Exploring the connections between hearing loss and cognitive health, webinaire brainXchange, présentation de Kate Dupuis, docteure en neuroscience, en partenariat avec la Société Alzheimer du Canada et le Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement (CCNV). En anglais seulement.

Évaluer la progression de la maladie d’Alzheimer : l’échelle de détérioration globale

On utilise parfois l’échelle de détérioration globale, ou échelle de Reisberg, pour mesurer la progression de l’Alzheimer. L’outil divise la maladie en sept stades de détérioration des capacités.

Stade 1 : Pas de déclin cognitif

  • Aucune difficulté dans la vie quotidienne.

Stade 2 : Déclin cognitif très léger

  • Oublis concernant le nom et l’emplacement des objets.
  • Possible difficulté à trouver ses mots.

Stade 3 : Déclin cognitif léger

  • Difficulté à s’orienter dans les endroits inconnus.
  • Difficulté à gérer les problèmes au travail.

Stade 4 : Déclin cognitif modéré

  • Difficulté avec les tâches complexes (finances, magasinage, planification des repas).

Stade 5 : Déclin cognitif relativement grave

  • Besoin d’aide pour le choix des vêtements.
  • Besoin d’un rappel pour se laver.

Stade 6 : Déclin cognitif grave

  • Oubli des expériences et des événements récents.
  • Besoin d’aide pour se laver; possible crainte du bain ou de la douche.
  • Difficulté à utiliser la toilette ou incontinence.

Stade 7 : Déclin cognitif très grave

  • Vocabulaire restreint (avec le temps, quelques mots seulement).
  • Perte de la capacité à marcher et à s’asseoir.
  • Besoin d’aide pour manger.

Contenu adapté de : Reisberg, B., Ferris, S. H., de Leon, M. J. et Crook, T. (1982). Global Deterioration Scale. American Journal of Psychiatry, 139, 1136–1139.

Recommandations de la 5e Conférence canadienne de consensus sur le diagnostic et le traitement de la démence (CCCDTD)

La 5e CCCDTD, qui a eu lieu en octobre 2019 à Québec, visait à faire le point sur les avancées dans le domaine et à enrichir les lignes directrices pour le diagnostic et le traitement des troubles neurocognitifsOn y a notamment abordé les sujets suivants, choisis par le comité directeur :

  1. Utilité du cadre de recherche du National Institute on Aging pour le diagnostic de la maladie d’Alzheimer.
  2. Mise à jour des critères pour le diagnostic et la prise en charge des troubles neurocognitifs vasculaires.
  3. Recherche et détection des cas de troubles neurocognitifs.
  4. Utilisation de la neuro-imagerie et de biomarqueurs fluides pour le diagnostic.
  5. Utilisation de marqueurs non cognitifs pour améliorer le dépistage des troubles neurocognitifs.
  6. Prévention et réduction des risques.
  7. Interventions psychosociales et non pharmacologiques.
  8. Déprescription de médicaments.

Lisez les recommandations de la 5e CCCDTD (en anglais uniquement).

Références

Références

1. Feldman, H. H., Jacova, C., Robillard, A., Garcia, A., Chow, T., Borrie, M., Schipper, H. M., Blair, M., Kertesz, A. et Chertkow, H. (2008). Diagnosis and treatment of dementia: 2. Diagnosis. CMAJ : Canadian Medical Association Journal178(7), 825-836. https://doi.org/10.1503/cmaj.070798

2. Masellis, M. et Black, S. E. (2008). Assessing patients complaining of memory impairment. Geriatrics & Aging, 11(3): 168-178.

3. Gurgel, R. K., Ward, P. D., Schwartz, S., Norton, M. C., Foster, N. L. et Tschanz, J. T. (2014). Relationship of hearing loss and dementia: A prospective, population-based study. Otology & Neurotology35(5), 775-781. https://doi.org/10.1097/MAO.0000000000000313

4. Lin, F. R., Metter, E. J., O’Brien, R. J., Resnick, S. M., Zonderman, A. B. et Ferrucci, L. (2011). Hearing loss and incident dementia. Archives of neurology68(2), 214-220. https://doi.org/10.1001/archneurol.2010.362

5. Schneider, B. A., Pichora-Fuller, K. et Daneman, M. (2010). Effects of senescent changes in audition and cognition on spoken language comprehension. The Aging Auditory System, Springer Handbook of Auditory Research. (Vol. 34, p. 167-210). Springer. https://www.infona.pl/resource/bwmeta1.element.springer-31770f12-4d83-353f-a6f4-f37140862d48

6. Davis, A., Smith, P., Ferguson, M., Stephens, D. et Gianopoulos, I. (2007). Acceptability, benefit and costs of early screening for hearing disability: A study of potential screening tests and models. Health Technology Assessment, 11(42), 1-294. https://doi.org/10.3310/hta11420

7. Pichora-Fuller, M. K., Dupuis, K., Reed, M. et Lemke, U. (2013). Helping older people with cognitive decline communicate: Hearing aids as part of a broader rehabilitation approach. Seminars in Hearing, 34, 308-330.

8. Lewis-Cullinan, C. et Janken, J. K. (1990). Effect of cerumen removal on the hearing ability of geriatric patients. Journal of Advanced Nursing, 15(5), 594-600. https://doi.org/10.1111/j.1365-2648.1990.tb01859.x

9. Moore, A. M., Voytas, J., Kowalski, D. et Maddens, M. (2002). Cerumen, hearing, and cognition in the elderly. Journal of the American Medical Directors Association, 3(3), 136-139. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12807656/

Dernière mise à jour : mai 2024